De la salle, Nathalie Léone nous invite à la suivre dans ses questionnements sur le début et la fin. Comme ça, l’air de rien, elle questionne. Nous, on se prête au jeu, on regarde la ficelle du temps se dérouler sous nos yeux. On se réjouit de fredonner avec le musicien qui vient d’arriver, on est bien.
Puis l’histoire commence, celle de Daniel Liebevitch.
À peine a ta-t-on le temps de le connaître, que le voilà, la tête fracassée sur le trottoir. La suite de son histoire est celle d’homme-ange qui veille sur le destin amoureux d’une jeune femme. Les manipulations du rétroprojecteur nous font basculer dans l’autre monde, celui de l’invisible, celui des images qui suggèrent plus qu’elles ne montrent. Des vagues bleues, des pluies d’encre, des clous, un effeuillage de dentelle, fabriquent des images mouvantes qui mettent le sens en résonance sans jamais l’illustrer. La musique est la compagne des personnages, elle décrit leur état, colore et rythme le récit.
L’écriture de Nathalie Léone est sensible et délicate, sa manière de raconter l’est tout autant. Elle est là, avec nous, et aussi pleinement avec son histoire et ses personnages. Elle nous offre une belle balade dans le Paris des années 80 avec ses quartiers, ses métiers, le Marais. Elle nous offre aussi un poème de Musset, un baiser dans l’obscurité, des clous germés, des amours noyées, des quiproquos rondement menés, une photocopie de Manet et une plume restée posée sur notre épaule à jamais.
« Vie et presque mort de Daniel Liebevitch » est un spectacle à la fois profond et léger… comme une plume.
Karine Mazel
Pour tout commentaire sur cet article contactez Karine